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"LE MARIN REJETÉ À LA MER " de Yukio Mishima

AVEC Junichirô Tanizaki, Yukio Mishima est l'écrivain du Japon contemporain le plus connu en Occident. Personnalité singulière, entreprenante, qui aime séduire et provoquer, tour à tour nouvelliste, romancier, essayiste, auteur dramatique. En 1961, parut une traduction de Kinkakuji (le Pavillon d'or), de M. Mécréant, puis, en 1965, celle de Utage no ato (Après le banquet), due à G. Renondeau, qui a présenté au public français plusieurs chefs-d'œuvre de Tanizaki. Quelques mois à peine après la mort de G. Renondeau, vient d'être publiée sa dernière traduction le Marin rejeté à la mer (Gogo no eikô) roman que composa Mishima en 1963 (1).

Par LUCIEN DUMONT.

Publié le 07 septembre 1968 à 00h00, modifié le 07 septembre 1968 à 00h00

Temps de Lecture 4 min.

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Des bibelots sans nombre dans une demeure qui domine le port de Yokohama. Une femme d'une grande beauté, veuve d'un négociant estimé de la ville. Un officier de marine. Une rencontre de hasard, une ivresse qu'ils croient sans lendemain. Ils s'attachent pourtant l'un à l'autre, et lorsque le marin revient on parle de mariage. Les préparatifs en seront bientôt terminés.

Le destin intervient en la personne de quelques adolescents. Dans la villa, la femme vit avec son unique enfant, âgé de treize ans, Noboru. Il échappe déjà à son emprise. À ses moments de liberté, il rejoint des camarades de lycée, la " bande " et son " chef ", tous fils de famille, bons élèves et bien élevés. Ils se réunissent en secret pour discuter de la vie, absurde, et de la société, opprimante ; un après-midi, ils mettent à mort un chat que le chef dépèce avec sang-froid. Noboru leur parle du marin tel qu'il lui était apparu d'abord, comme d'un héros, puis il leur fera part des griefs qu'il accumule de jour en jour contre celui qui vient détruire ses rêves et son univers familier, qui se révèle n'être qu'un homme ordinaire, un adulte, un père de famille. La bande décidera de l'entraîner dans un guet-apens et de lui infliger le même traitement qu'au chat. Noboru n'est plus qu'un exécutant. Ni lui ni les autres n'osent s'élever contre le verdict du chef. D'ailleurs, il leur avait lu l'article du code précisant que les mineurs de moins de quatorze ans ne sont passibles d'aucune poursuite.

Dès les premières pages, le lecteur pénètre dans un théâtre d'ombres où se succèdent des visions comme projetées au mur par une lanterne magique. Enfermé chaque soir à clef, le garçon découvre dans la cloison une ouverture qui lui donne accès à un autre monde : la chambre maternelle lui apparaît tel un domaine inconnu. Fasciné, il épie sa mère dans l'intimité et, quelques jours plus tard, l'union des amants. Jeux de l'ombre et de la clarté lunaire, gestes humains et bruits du lointain, souvenirs et associations d'idées.

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